Qui étaient les Hospitaliers et pourquoi se
sont-ils installés à Poucharramet?
L'ordre des Hospitaliers de
Saint-Jean de Jérusalem fut fondé vers 1099-1100 à Jérusalem par Gérard Tenque
pour défendre par les armes la Terre Sainte et venir en aide aux pauvres
pèlerins, en construisant un hôpital.
Les Hospitaliers de Saint-Jean
de Jérusalem étaient soumis à la règle de Saint-Augustin et se transformèrent
en ordre militaire vers 1140 sans perdre leur rôle d'hospitaliers. Gouvernés par un grand maître, ils faisaient vœu de chasteté, d’obéissance et de pauvreté. De
nombreux seigneurs méridionaux faisaient partie des premiers Croisés, dont le comte de Toulouse Raymond de Saint Gilles.
Dans la France très boisée du XII° siècle,
les Hospitaliers fondèrent les premières sauvetés. Ainsi le territoire de
Poucharramet se situait dans l’arc de cercle formé par la forêt de Bouconne où
se sont créées en moins de trente ans 40 sauvetés, toutes à
peu près
semblables les unes que les autres, sous le patronage des Hospitaliers. Ces implantations sont à mettre
en relation avec la grande période des défrichements du XI° au XIII° siècles,
ayant pour but de fixer une population instable, vivant dans les bois et à qui
on proposait la rémission des fautes, en contrepartie ils devaient déboiser et
mettre en culture des essarts pour y installer leur casal.
Texte
des archives relatant leur installation à Poucharramet : «L'année
de l’Incarnation du Seigneur onze cent deux, le sixième jour des calendes
de Mai, - sachent tous présents et à venir,- qu’Aymeric de Murel a donné à
Dieu, au Saint Sépulcre, à l’Hôpital de ce lieu et à Maître Géraud,
hospitalier, ainsi qu’à tous ses frères, l'église de Fustillan et toutes ses appartenances,
telles qu’elles sont ou qu’elles devraient être, autant de maisons qu'ils
pourront en construire dans la Salvetat de PODII REMIGII, les bois et les
eaux, les droits d’entrée et de sortie, ainsi que le moulin et ses dépendances,
avec tous les droits qui appartiennent à ces biens ou devraient leur
appartenir… »
Ainsi au
XII° siècle, en 1102
Aymeric de Muret donne aux chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem le
territoire
de Poucharramet.
Le texte fait apparaître, outre l’église de
Fustillan, les bois, les eaux, mais aussi le moulin ainsi que tous les droits
s’y rapportant. Il était certainement question d’un moulin à vent (sur un plan
cavalier du XIII° s. il se trouvait vers l’angle nord-ouest de l’actuel
cimetière), pour y fonder une sauveté. Le premier souci des Hospitaliers
semblait être la construction d’une église qui fut en même temps un réduit de
défense militaire.
A cette donation signée par l’évêque de
Toulouse Amélius et par l’archidiacre de Muret Guillaume, furent jointes celles
des membres de la famille du seigneur Aymeric qui se dessaisirent des droits
qu’ils avaient sur l’église ou sur le territoire dePoucharramet. Le fils du précédent, Aymeric, ajouta à la
donation de son père l’étendue de labour de 4 paires de bœufs aux alentours de
Poucharramet. En 1183 dans la cour du cloître de l’Hôpital
de Toulouse il s’humilie et donne à l’Ordre de St Jean sa personne et tous ses
vassaux de la ville de Poucharramet. Il se démet en faveur des Hospitaliers de
toute suzeraineté. En 1188 le fief
s’accroît par la donation de Bernard Marqua, du moulin sur le Touch au lieu-dit
Frédac, aujourd’hui Férézat.
En 1242 par des donations successives le
territoire de la Commanderie s’est accru, il obtient des dépendances de
Saint-Clar par une bulle du vice-prieur de Toulouse Pierre de Villemur sous la responsion
de 15 sols. Il s’agit des terres du quartier du Rioutort, de Pierrelance, Liot,
Couloumé et Rieuferré. Ainsi vers 1258 l’Hôpital est à la tête
d’un vaste territoire comprenant des terres à Saint-Clar, Lautignac,
Castelnau-Picampeau, Juzet, Saint-Marcet, Frontis, Guchen, Cadeac, Agos, Vilhe,
Vignac, Tramesaygues, Soussan, Aulon.
Dans le même
temps la Commanderie s’était agrandie de donations de fiefs et
seigneuries ainsi que de nombreux privilèges (droits de dépaissance) accordés
par Bernard d’Aspet (1259) et Bernard Comte de Comminges (1262). Les précepteurs
de Poucharramet possédaient plusieurs villes des environs dont ils avaient
entière juridiction.
L’église forteresse
était déjà terminée en 1265, lorsque dans leur défense contre les empiétements
de leur voisin Bernard Baron, les frères font valoir qu’ils ont à Poucharramet
“une grande église avec trois autels”. Cette église est donc contemporaine de
la nef de Raymond VI, de Saint-Etienne de Toulouse, que Raymond Rey appelle
“l’acte de naissance du style gothique dans le midi de la France". A
propos de cette construction les critiques de l’époque ont considéré
que les Hospitaliers avaient vu grand, au regard surtout du petit nombre de
fidèles que l’église devait recevoir à l’origine.
Lors de la
Révolution française, en 1792, tous les biens de l'Ordre furent confisqués. En
juin 1798, Bonaparte s'empare de l'île de Malte et l'Ordre est alors dispersé.
Comment décrire l'Hôpital ?
Le cloître était relié à l'église par une petite porte dont l'emplacement est encore visible aujourd'hui. Autour se trouvaient les bâtiments agricoles et le prieuré. Sur les faces Sud et Nord 11 piliers de chêne, 9 sur
les autres côtés, soutenaient l'étage desservi par un vaste escalier,
on y trouvait la chambre du Commandeur.
Histoire et culture de Poucharramet, petit village d'Occitanie proche de Toulouse. Seigneurie créée par les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, à la remarquable église des Chevaliers de Malte, du XIIIème siècle.